Le vieux qui donnait des biscottes aux pigeons
par Jean-Yves Fort – site
Bon, ben voilà, il fallait bien que ça arrive. On avait déjà « La peste » et « L’amour au temps du choléra » : romans dont l’histoire avait pour contexte des épidémies, dans un passé plus ou moins lointain. Et on nous promet maintenant une flopée de romans ayant pour toile de fond les confinements causés par des virus plus modernes. A l’origine, je voulais attendre que toutes les contraintes de ces confinements soient loin derrière nous avant de me replonger dedans par le biais d’un livre ! Comme si feindre d’ignorer que cela s’était passé allait m’aider à maîtriser mes émotions négatives par rapport à cette période vraiment bizarre que nous vivons tous… Mais bon, voilà que « le vieux qui donnait des biscottes aux pigeons » a pointé le bout de son nez.
On a ici une nouvelle de 70 pages environ, mélangeant réflexions sur la vieillesse, la communication de crise, et la gestion des priorités. Les personnages sont assez caricaturaux, engoncés dans leurs défauts, mais parfaitement campés. On imagine en une ou deux phrases à qui l’on a à faire, car les traits de pinceaux, s’ils sont parfois un peu larges, sont précis. Pas vraiment le temps de s’attacher aux protagonistes donc, mais ce n’est pas le sujet ici.
Prétexte pour un commentaire social
L’auteur aborde des sujets assez complexes avec beaucoup de sensibilité. Les considérations sur le traitement des espèces animales sont particulièrement bien vues, sans tomber dans le prosélytisme gratuit. Une grande douceur, donc, qui m’a permis de faire des connexions que j’avais jusque là plus ou moins ignorées.
J’ai franchement rigolé à plusieurs occasions. Cette saine dose d’humour parcourt la nouvelle du début à la fin, et contre-balance parfaitement un certain cynisme de la part de l’auteur. Car oui : que d’observations glaçantes saupoudrent les pages ! Le pire, c’est que beaucoup ne sont même pas si exagérées que ça… Mais cela rend le message acerbe, tout en l’enrobant dans une prose qui ne l’est pas le moins du monde.
Cette nouvelle peut (et doit, selon moi) se lire en une seule session. Une petite heure agréable qui a été suivie par une certaine introspection. A propos de mes grands-parents. Ou de mes propres choix de vie. Bref des pensées, pessimistes comme optimistes, qui m’ont accompagnées quelques temps après la lecture.
C’est court, c’est bien, c’est auto-édité, et ça se trouve ici !
Merci mon vieux !
C’est vrai qu’il commence à prendre de l’âge!